J’aborde ces premières lignes avec l’intime conviction que j’intègre le collège de la CRE à un moment structurant de notre avenir énergétique, celui où les choix que nous ferons ensemble seront déterminants pour les années à venir.

Les enjeux sont colossaux, le temps compté et les obstacles réels.

J’ai pourtant la certitude, au fur et à mesure des échanges avec les acteurs de l’énergie mais également au fil des discussions avec les services de la CRE, que des solutions existent et qu’elles ne sont pas impossibles à mettre en place. Le challenge est pourtant de taille, depuis que je suis arrivée, je comprends que l’enjeu de la désinformation et du rejet de la parole publique est crucial.

En d’autres termes comment concrétiser la transition énergétique, fondamentale pour la lutte contre le changement climatique ? Peut-elle se faire dans un contexte politique de défiance en marge d’un marché européen qui se cherche ?

Ces questions se posent, je me les pose.

D’autres apparaissent pourtant :

  • La France se retrouvera-t-elle ?
  • Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ?
  • Pour quels coûts ?
  • L’énergie doit-elle devenir un produit ou doit-elle rester un bien commun ?

Ce que je perçois, c’est que la CRE œuvre pour qu’elle reste un bien commun ayant cette particularité existentielle qu’elle demeure un produit monnayable. Alors nous devons la protéger, veiller à sa régulation, qu’elle entre dans une logique contrôlée, surveillée et préservée.

Vous le voyez donc, nos ambitions sont grandes, la tâche noble et implique que ma responsabilité de commissaire soit lourde. Je dois rester sur un pied ferme : protéger les consommateurs, tel est le combat, protéger notre système énergétique tel est ma quête. Les protéger c’est assurer une sécurité d’approvisionnement alors même que nous devons préparer le futur. Les protéger c’est aussi protéger la planète et c’est donc assumer des axes de transition. Des nouveaux parcs éoliens et photovoltaïques, de la biothermie, les nouveaux parcs nucléaires mais aussi les anciens et tous les enjeux de modernisation du réseau de transport, de la conversion gaz/hydrogène ; la transition énergétique… et tant d’autres sujets animent les réflexions de mon quotidien. C’est passionnant, vous n’imaginez pas !

Aussi comment aborde-t-on la fonction de commissaire au sein de la Commission de régulation de l’énergie alors que l’inquiétude des consommateurs grandit, que le besoin d’apaisement se fait sentir ? Comment conçoit-on une telle charge lorsque le monde traverse une période structurante pour réformer le marché de l’électricité, qui nous demande, à tous, d’accepter que le temps d’un coût de l’électricité bas n’est plus ?

Améliorer son système énergétique c’est avant tout investir ; tout cela a un coût. N’ayons pas peur de le dire et de payer pour.

A l’heure où la question de l’environnement est abordée par l’œil de l’inquiétude, j’y vois comme Pandore une lueur d’espoir. L’innovation technologique et l’avancée de la science sont des piliers sur lesquels nous devons construire ce futur rassurant et je vous le dis, il est rassurant. D’ailleurs sans eux, ils seraient déprimants. Le monde de l’énergie et ses industries sont plein de ressources ; des ingénieurs et des chercheurs, mais aussi des techniciens œuvrant au quotidien dans l’anonymat le plus complet à améliorer notre planète, nous devons les aider, les accompagner et les laisser expérimenter. Le temps de la science est comme celui d’un tango : passions, temps forts, encore passion, cambrures et parfois des temps d’arrêt pour reprendre la main sur le rythme qui avait guidé nos pas. C’est un exercice où nous devons accepter de travailler sur le court, moyen, et long terme.

Ce qu’il faut comprendre donc c’est que les solutions d’hier ne peuvent plus être celles de demain même si leur utilisation n’était pas forcément une erreur. La technologie et les industries ont besoin de temps, mon travail est de les accompagner et parfois de leur dire que le temps leur est compté.

Les Zones Non Interconnectées (ZNI) font désormais partie de mon portefeuille, la Corse, les outre-mer et les iles bretonnes sont des territoires qui doivent être les ambassades de ce que la France sait/doit faire de mieux : la stricte suffisance et l’excellence technologique/industrielle en phase avec son environnement. Des enjeux forts d’autonomie énergétique et de mix énergétique sont nos priorités. La bonne nouvelle doit être annoncée, la Réunion sera le premier département français à fonctionner au 100% renouvelable.

C’est une prouesse, un record et une lueur d’espoir pour les plus convaincus que la planète est une priorité. A mon sens, les ZNI doivent être l’autre logiciel énergétique de réflexion qui permettra à la France d’exceller sur les ENR au travers de ces territoires tout en améliorant son attachement au nucléaire en métropole. Ces énergies ne sont pas en guerre, elles servent des causes mais surtout des consommateurs et des Français chacune à leur manière. Je suis heureuse qu’en qualité de commissaire, j’œuvre à une ambition industrielle et à la construction de filières dans les ZNI.

La donnée, ce que d’autres appellent la Data fait aussi partie de mon portefeuille. Un sujet que nous devons garder en tête en marge de nos ambitions. Le monde devient de plus en plus hostile et l’énergie est apparue récemment comme un pilier de la souveraineté des Etats. Performance et garantie sont des points clés qui nécessitent d’être bousculées au quotidien pour jauger de leur résilience et leur résistance aux épreuves. La donnée, son exploitation, son utilisation mais aussi sa protection y trouve sa place dans les priorités pour une régulation responsable, adaptée et efficace. C’est un chantier assez neuf où les évolutions concernant l’intelligence artificielle et la cybersécurité nécessitent à juste titre d’avoir une commissaire référente sur ces sujets, je suis ravie de l’être.

ZNI, donnée, mais aussi RegulaE.Fr

En 2016 la CRE et l’ANARE-CI, le régulateur de la Cote d’Ivoire, la CREG (Belgique) et la Régie de l’énergie (Québec) ont créé le réseau francophone des régulateurs afin d’encourager la collaboration entre ses membres sur les domaines de la régulation et de l’énergie plus largement. L’accès à l’énergie est un sujet mondial presque universel qui est traité de manière différente en fonction des pays. La CRE s’enrichit des échanges mais apporte également son expérience pour permettre aux régulateurs de créer un front commun et une solidarité afin de s’épauler respectivement. Nous avons un système de régulation qui a fait ses preuves et qui cherche chaque jour à s’améliorer.

Je voulais ici le rappeler et remercier le Président de l’ANARE-CI, Amidou Traoré, de sa venue récente à Paris. Sortir et voir ce qui se fait ailleurs est l’une des meilleures façons de s’améliorer mais également de poser ensemble des combats communs : la transition énergétique en est un.

Enfin, je ne pouvais faire ce premier édito sans remercier l’accueil chaleureux que m’ont fait mes collègues commissaires et la présidente Emmanuelle Wargon. J’ai la chance en plus de venir travailler dans une administration qui s’inscrit dans son temps : parité, diversité et efficacité sont des points qui permettent de meilleurs résultats au service de l’intérêt général, la CRE en est un parfait exemple. J’espère ainsi que ces mots pour le service de l’Etat et l’intérêt général résonneront dans les têtes de nos Jeunes dont nous avons besoin afin de maintenir le cap pour cet avenir que nous voulons construire.

Sachez donc, que si vous cherchez une maison qui reconnaisse vos compétences tout en servant une belle cause, la CRE est certainement l’une des mieux placées.

Bonne lecture !

Lova RINEL, Commissaire de la CRE

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