Les défis de la transition énergétique vus par les économistes de l’énergie

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Chaque année, l’Association des Economistes de l’Energie organise fin novembre une conférence réunissant chercheurs et économistes travaillant au sein d’entreprises ou d’administrations.

Ils ont échangé sur la thématique « les systèmes énergétiques du futur ou comment accompagner les dynamiques sociétales et industrielles afin de réussir la décarbonation ». La CRE représentée par son directeur général Dominique JAMME et Ivan FAUCHEUX commissaire ont participé à la dernière table ronde sur les défis à venir.

En introduction, Dominique JAMME a présenté son analyse de la crise actuelle des prix de l’énergie, qui aura des conséquences profondes et durables sur les systèmes énergétiques du futur. Il a particulièrement pointé trois sujets : l’avenir du gaz en tant que source fiable d’énergie, le fonctionnement du marché européen de l’électricité et la possibilité ou non d’un découplage du marché de gros avec le marché de détail.

La première table ronde, consacrée aux consommateurs, a mis en avant un des aspects fondamentaux de la transition énergétique : les grands consommateurs et les industriels ont besoin de visibilité et de stabilité en termes de volumes et de prix, leur capacité à se projeter conditionne fortement les possibilités et le coût des investissements. Au niveau des particuliers, les problématiques de justice et de précarité énergétique vont prendre une importance croissante.

La deuxième table ronde a confronté les approches d’industriels de l’énergie en termes de scénarios à long terme (RTE et Total) et de stratégies industrielles (Teréga et Engie). Il s’agit de tracer des perspectives qui combinent ambitions politiques et réalisme physique, notamment en articulant disponibilité des sources d’énergie, besoins à venir et adaptation des infrastructures. Les intervenants ont tous inscrit leur action dans une approche dynamique, en considérant que la vision proposée est construite selon les connaissances actuelles et que cet exercice doit donc être renouvelé à intervalles réguliers.

La troisième table ronde avait pour ambition d’élargir la perspective à des questions macroéconomiques : l’énergie est une composante importante des systèmes économiques, aussi l’enjeu pour les économistes est d’intégrer davantage ce sujet dans leurs représentations, notamment en actant l’évolution vers la décarbonation. Le cas Allemand est un exemple très intéressant de virage politique très radical puisque, près de 10 années après avoir acté la sortie du nucléaire, la nouvelle coalition au pouvoir va engager une transformation en profondeur de l’industrie qui entraînera des conséquences à l’échelle européenne. Alors que le coût de l’énergie va augmenter, il va falloir traiter de la question du financement des investissements, en termes de montages et d’organisation des marchés. Ainsi il va falloir réfléchir à de nouvelles approches qui intègrent davantage le long terme, avec par exemple des designs de marché intégrant les contrats longs.

La conférence s’est terminée par une table ronde abordant les grands défis à venir vus par diverses institutions dont la CRE. Ivan FAUCHEUX a abordé la nécessité d’innover sur le plan de la finance verte « des outils doivent être créés, à commencer par l’élaboration d’une véritable « comptabilité carbone ». En conclusion, Sophie MOURLON Directrice de l’énergie à la DGEC a rappelé que le système énergétique doit être revu dans son ensemble pour faire face aux enjeux de la maitrise du changement climatique, du vieillissement des installation et du renouvellement du parc nucléaire. Alors que les prix de l’électricité sont au plus haut, elle a invité les économistes de l’énergie à se saisir de la question de l’architecture du marché et, ainsi, alimenter les réflexions européennes.

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