Les travaux de la saison 4 du Comité de prospective touchent à leurs fins.

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Plus de 10 mois se sont écoulés depuis le lancement de la 4ème saison du Comité de prospective, en février 2022 : des mois de travaux, ponctués d’auditions d’acteurs divers et variés, mais aussi de visites de terrain, dans un contexte national et européen marqué par une actualité particulièrement dense.

À l’aune des nombreux échanges entre les quelques 150 acteurs du monde de l’énergie que réunissent les 3 groupes de travail, les membres du Comité de prospective ont pu identifier des enjeux clés qui feront l’objet d’une attention particulière dans les rapports finaux. Ces premiers enseignements témoignent tous d’un double impératif : s’inscrire en cohérence avec l’urgence du court-terme, tout en tenant compte de l’impératif de succès de la transition énergétique sur le long terme, boussole du Comité de prospective.

Point d’étape sur les travaux des 3 groupes de travail.

« Le groupe Ressource énergétique »

Tout d’abord, le groupe de travail « Ressource énergétique », sur la biomasse et la neutralité carbone a consacré ses premiers travaux sur les différents types de biomasse, associant les procédés de leur transformation et de leur valorisation (forêt-bois ; déchets ; biocarburants ; verdissement du gaz ; gaz renouvelables ; utilisation du CO2 par la méthanation). Le groupe de travail a également effectué une visite de terrain sur les sites de deux exploitations agricoles accueillant un procédé de méthanisation.

  • Premier enseignement : le contexte de crise remet en cause les principales estimations, déjà hétérogènes, sur la disponibilité de la biomasse. La conjoncture actuelle impose non seulement d’intégrer dans les modèles des hypothèse réactualisées de prix et de sécurité d’approvisionnement, mais aussi d’adopter une approche systémique, tenant compte des effets – certes incertains – du changement climatique sur la disponibilité de la biomasse, les impacts sur le cycle du carbone ou encore la concurrence avec les usages alimentaires.
  • Second enseignement : face à une quantité contrainte de biomasse réellement mobilisable, il est nécessaire d’établir une hiérarchie des usages concurrents (matériaux, énergie, alimentation) les plus pertinents économiquement, en fonction des alternatives décarbonées existantes et du coût de valorisation énergétique de la biomasse – qui dépend de technologies aujourd’hui peu matures, hors méthanisation. Cette analyse doit se faire au cas par cas selon les types de biomasses, en fonction de la dispersion géographique de la ressource, de sa saisonnalité et de l’objectif principal recherché – par exemple sécurité d’approvisionnement dès le court terme ou réduction des gaz à effet de serre à long terme. Elle doit par ailleurs tenir compte du rôle du stockage du carbone par la biomasse vivante et le sol, indispensable pour atteindre la neutralité carbone.

Le groupe Réseaux et Systèmes énergétiques

Le groupe de travail « Réseaux et systèmes énergétiques » sur l’électrification des usages s’est réuni à huit reprises pour tenter de mesurer la faisabilité et la pertinence technologique, économique, industrielle ou environnementale de l’électrification des usages de l’énergie et évaluer ses conséquences opérationnelles. Les membres du groupe se sont aussi déplacés sur le site d’Arcelor Mittal à Grande Synthe, pour une visite thématique sur le potentiel de décarbonation de la sidérurgie via l’électrification, et le site électro-intensif d’Aluminium Dunkerque à Loon-Plage. 

  • Premier enseignement : la maturité des technologies d’électrification directe ou indirecte (via l’hydrogène par exemple) de certains usages et leur équilibre économique sont encore très incertains. C’est notamment le cas pour l’industrie ou les transports lourds. La rapidité de l’électrification des usages dépendra donc de la capacité des technologies d’électrification à être compétitives par rapport à d’autres alternatives décarbonées. Par ailleurs, le potentiel de flexibilité associé à chaque usage doit être précisé pour mieux évaluer et optimiser l’impact de l’électrification sur le système énergétique. 
  • Second enseignement : il est nécessaire d’anticiper d’ores-et-déjà certaines contraintes opérationnelles, économiques et physiques qui pourraient constituer des freins à l’électrification des usages : accès aux matières premières, formation, adaptation des réseaux, etc.

Le groupe Consommateur et société

Enfin, le groupe de travail « Consommateur et société » sur la confiance des consommateurs dans les nouveaux services énergétiques a tenu 8 séances de travail dans le but d’identifier des leviers allant au-delà du signal tarifaire pour garantir la confiance des consommateurs dans les nouveaux services énergétiques et ainsi garantir leur adhésion à l’objectif de maîtrise de la demande énergétique.

  • Premier enseignement : la crise énergétique actuelle, conjuguée avec la nécessaire transition énergétique, crée un contexte inédit pour susciter l’intérêt des consommateurs dans de nouveaux services énergétiques, nécessaire préalable à une démarche de sobriété sur le long terme. Or, aujourd’hui, les nouveaux services énergétiques peinent à se structurer auprès des consommateurs résidentiels : l’offre est aujourd’hui insuffisante et peu lisible, qui est un obstacle à la confiance de consommateurs déjà réticents à l’utilisation de leurs données personnelles.
  • Second enseignement : le contexte actuel de crise pourrait être moteur pour faire avancer les enjeux de long terme de la transition énergétique, dans un contexte comparable à celui de la crise Covid-19 pour le monde de la santé, lors de laquelle la plateforme « Mon espace Santé » centralisant les données des patients a pu être mis en place de façon accélérée et co-construite. Sur le même modèle, l’« opt-out » des données de consommation énergétiques devrait être mis en œuvre à court terme afin de tirer tous les bénéfices de la collecte des données de consommation permise par les compteurs évolués Linky et Gazpar.

Sur la base de ces constats, les 3 groupes du Comité de prospective travaillent à la rédaction de rapport qui formuleront des recommandations.

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